Repenser son rapport au travail (en mode slow)
Cet article est là pour t’encourager à moins travailler pour mieux profiter de la vie. J’y relate ma propre expérience et mes prises de conscience lors de choix de vie qui ont été pour moi libérateurs, même s’ils n’ont pas toujours été faciles à assumer.
Si tu as déjà un travail génial dans lequel tu t’épanouis, alors bravo et cet article n’est pas pour toi !
Par contre, si tu ne t’y retrouves pas dans ta relation actuelle au travail, alors ce qui suit peut t’intéresser. J’espère que mon parcours pourra t’inspirer et te donner envie de vivre les expériences chères à ton cœur, sans culpabiliser de délaisser (ou plutôt de remettre à sa place) la partie « professionnelle » de ta vie.
📝 Temps de lecture : 11 minutes. Pour aller plus vite, tu peux directement aller aux points clés de l’article (mais tu n’auras pas toute l’histoire).
Prendre sa retraite le plus tôt possible ?
On entend souvent dire qu’il faut économiser, investir ou planifier stratégiquement pour prendre sa retraite le plus tôt possible.
Ok sur le principe mais j’avais un gros problème avec ça. J’étais trop impatiente.
A 22 ans, j’ai terminé des études qui ne m’avaient pas plu et pour lesquelles je m’étais forcée. Au moment de recevoir mon diplôme, j’ai eu le sentiment amer que si je continuais à vivre pour les autres, pour un statut ou simplement parce que je ne sais pas dire non, je risquais de passer à côté de ma vie. J’ai eu une grosse révélation du type « plus jamais ça ». Je ne voulais plus sacrifier mes désirs profonds sous prétexte d’un travail soi-disant convenable.
J’ai donc décidé de « prendre ma retraite » ! Oui oui, je n’avais pas encore commencé à travailler que déjà, me voilà passée de l’autre côté. La retraite c’est le moment que tous les travailleurs que je rencontrais attendaient avec impatience. Pourquoi attendre d’être vieille, aigrie et en mauvaise santé pour en profiter ? J’allais la prendre tout de suite, et on verra pour ce qui est de l’aspect financier.
Bon on est d’accord, ce n’est pas une retraite au sens où on l’entend habituellement. C’est le mot que j’employais dans ma tête mais pour moi cela signifiait avant tout : profiter, prendre le temps, se questionner sur ce que je veux vraiment, et surtout… réaliser mes rêves.
Après tout, on peut mourir demain, alors pourquoi attendre…
« Ok mais financièrement, tu faisais comment ? »
J’imagine que c’est la question que tu te poses maintenant. On y vient. Cette crise existentielle de fin d’études m’a permis de réaliser plusieurs choses auxquelles je ne m’attendais pas. C’est parfois difficile à comprendre lorsqu’on ne l’a pas vécu. Je vais les résumer en 3 points.
- Quand on ne travaille pas, on dépense beaucoup moins.
- L’argent ça se récupère, pas le temps.
- Travail et revenus ne sont pas nécessairement liés.
Voyons ces 3 points un par un car je suis certaine qu’ils ont beaucoup de choses à nous dire.
1. Quand on travaille moins, on dépense beaucoup moins
Cette réalisation a été la plus importante et la plus flagrante pour moi au moment de ma « retraite anticipée ». Pourtant, j’aurais pu m’en douter. Quand on est étudiant, on vit avec presque rien. On a même le loisir de s’offrir soirées et escapades, en vivant de façon assez simple et rudimentaire certes, sans pour autant avoir l’impression de se priver.
Un style de vie qui s’adapte à notre salaire
C’est au moment de la transition des études vers le monde du travail que tout change. J’ai pu le constater car alors que je gardais à peu près le même style de vie, mes proches jeunes actifs commençaient à faire une chose tout à fait surprenante : ils alignaient leur style de vie à leur salaire. Les personnes qui gagnaient un petit salaire dépensaient en conséquence. Les personnes qui gagnaient un gros salaire avaient tout à coup tendance à dépenser beaucoup plus (alors que tout le monde était davantage sur un pied d’égalité auparavant).
Rares étaient celles qui se questionnaient réellement sur leurs besoins avant d’adopter un certain style de vie. Finalement, plus elles gagnaient, plus elles dépensaient et ce indépendamment de leurs objectifs de vie. C’est aussi ce qui se passe pour moi pendant les périodes où j’ai un salaire fixe. Même en ayant conscience de la chose, je dépense plus facilement dans des objets ou des activités qui m’apportent peu de satisfaction. C’est comme si l’argent me « filait entre les doigts ».
📗 Il l’avait déjà remarqué en 1926 : L’homme le plus riche de Babylone, de George S. Clason.
Des dépenses cachées liées au monde du travail
En observant la chose et en la vivant aussi par moi-même plus tard, je me suis rendue compte qu’il y a énormément de dépenses cachées liées au travail :
- Les dépenses liées au transport bien sûr.
- Les habits, parfois du matériel.
- Un investissement dans un certain style de vie qu’il faut continuer à entretenir pour coller aux codes du travail. Cela passe parfois simplement par influence directe de nos collègues, c’est-à-dire par mimétisme social.
- Un budget nourriture plus important, parce qu’on a moins de temps et plus souvent besoin/envie de commander des plats préparés, aller au restaurant, sortir, etc.
- Et globalement, des dépenses de compensation liées au stress ou au manque de temps. On a besoin de « profiter » au maximum des moments de loisir, repos et vacances (5 semaines par an, ça doit se rentabiliser).
🧐 Combien de jours de travail par semaine / par mois, ne servent qu’à rembourser ces frais cachés ?
Avoir du temps et moins travailler permet d’économiser
Inversement, en ne travaillant pas, on gagne beaucoup sur de nombreux postes, tout simplement parce qu’on a du temps. Je ne parle même pas ici du confort de vie qui en résulte, comme le fait de pouvoir accéder aux services de proximité en dehors des heures de pointe ou ne pas être coincé dans des embouteillages ou dans des transports en commun tous les jours.
Je ne parle pas non plus des dépenses dont on a parlé ci-dessus qui deviennent inexistantes. Mais même pour les dépenses de tous les jours, on y gagne énormément. En effet, on a le temps de :
- Réparer des objets cassés ou abîmés au lieu de les remplacer.
- Faire soi-même, avec des produits bruts et bon marché, plutôt que d’acheter tout fait (ça vaut pour la nourriture mais pas seulement).
- Visiter des marchés, des producteurs, aller chiner en brocantes, plutôt que d’aller au supermarché du coin.
- S’informer ! Et en s’informant, on évite beaucoup d’achats inutiles, on trouve de bonnes opportunités, on peut prendre le temps de comparer avant d’acheter, etc.
- S’interroger sur nos vrais besoins, sans être dans une course à la satisfaction éphémère, et ainsi mettre plus de conscience dans nos achats et nos dépenses.
🔵 A lire aussi : Suivre son budget avec le kakebo.
2. L’argent ça se récupère, pas le temps
Chacun aura sa propre interprétation d’un bon équilibre entre temps passé à travailler et temps passé à profiter. Malgré tout, je vois de nombreuses personnes qui disent travailler maintenant pour profiter plus tard. Ou bien elles attendent la retraite avec impatience, alors même que cette retraite se trouve à un horizon de plusieurs dizaines d’années.
Prioriser les expériences plutôt que l’argent
Une chose que j’ai pu constater durant ma fameuse retraite anticipée, c’est que même si je gagnais pas ou peu, je n’ai jamais regretté les expériences que j’ai pu m’offrir grâce au temps dont je disposais. Ces expériences n’étaient pas coûteuses d’argent mais elles l’étaient de temps.
Le temps est une ressource bien plus précieuse que l’argent tout simplement parce qu’il ne se rattrape pas ! Une minute passée ne pourra plus jamais se revivre. Autant, on peut économiser, trouver des opportunités, travailler pour gagner de l’argent ; autant rien ne pourra faire revivre nos plus belles années.
Après, c’est une question de choix.
- On peut choisir de dépenser beaucoup d’argent en peu de temps pour s’offrir une expérience « inoubliable ». Exemples : un voyage d’une semaine à l’autre bout du monde, un mariage grandiose, une expérience spécifique de luxe ou haut-de-gamme.
- Ou bien on peut choisir de dilater ces ressources sur un temps plus long et faire que l’expérience s’étale sur plusieurs mois ou années. Exemples : une ou plusieurs années sabbatiques, un temps de pause de plusieurs mois entre deux boulots, une retraite anticipée de plusieurs années.
Il n’y a pas une option mieux qu’une autre, c’est simplement une question de priorités.
Travailler moins pour poursuivre ses aspirations
Voici quelques exemples de ce que j’ai pu faire pendant cette « retraite » (qui avouons-le, s’est transformée en véritable mode de vie et qui dure maintenant depuis plus de 10 ans) :
- réaliser neufs mois de service civique et en profiter pour m’ouvrir à de nouvelles personnes et à des contextes encore inconnus ;
- mener à bien une thèse de doctorat sur un sujet éloigné de mes études mais qui me passionnait ;
- voyager dans de nombreux pays différents ;
- acheter et rénover deux maisons pour les mettre en location ;
- découvrir pleiiiiiin de boulots différents, la plupart du temps en extra ou en contrat temporaire ;
- créer une start-up avec deux collègues rencontrés dans un programme d’accélération à l’entreprenariat ;
- partir pour un voyage en van pendant 6 mois avec mon compagnon ;
- prendre plusieurs années pour visiter l’autre côté du monde ;
- créer ma propre entreprise ;
- me former sur plein de différents sujets, que ce soit en autodidacte, par la lecture ou bien via des formations (en ligne ou en présentiel).
Ce que j’apprécie le plus, c’est apprendre. Avec ce mode de vie, j’aime le fait de me sentir libre d’explorer les idées et projets qui m’appellent, sans pression ou contrainte utilitaire. Parfois ça me rapporte aussi de l’argent, parfois non. Parfois je dois trouver un travail alimentaire pour financer mes projets.
Dans tous les cas, c’est la poursuite d’une expérience qui m’anime. C’est toujours le fait de mener à bien un projet, plutôt qu’une simple considération financière.
Je ne laisse plus le salariat me dicter un mode de vie qui ne me correspond pas, dans l’attente d’un hypothétique moment que je pourrais enfin consacrer à ma vie. La vie c’est maintenant.
« J’ai peur de m’ennuyer ! »
Mais alors que faire de tout ce temps disponible, si on travaille moins ? C’est une question que je rencontre souvent. Elle exprime la peur de s’ennuyer ou de ne pas savoir quoi faire de notre temps libre. Voici quelques exemples de comment ce temps devient une ressource précieuse qui ne fait que se bonifier avec le temps (bien plus que de l’argent placé sur un compte épargne) :
- Du temps pour prendre soin de sa santé : mieux manger, faire du sport, prendre soin de soi, c’est tout autant de belles années de gagnées et d’énergie retrouvée pour la suite.
- Du temps pour apprendre : je l’ai dit c’est pour moi la plus grande motivation. Mais c’est très important de comprendre à quel point le savoir, c’est le pouvoir. Et j’entends le pouvoir non pas comme domination mais comme capacité. En s’informant, on ouvre de nouvelles possibilités, on rencontre de nouvelles personnes, on sort de notre conception du monde pour aller chercher de nouvelles perspectives, croyances, façons de faire ou de voir les choses. C’est ainsi que j’ai pu par exemple me lancer dans la rénovation de maisons ou l’entreprenariat alors que je n’aurais jamais cru en être capable un jour !
- Du temps pour ce qui nous tient vraiment à cœur : que ce soit une cause, des valeurs, des personnes de notre entourage, une situation difficile à traverser… Nous avons davantage de temps à consacrer pour vivre pleinement ces passages importants de nos vies.
- Du temps pour le vide : c’est aussi important que l’activité, que le faire, se laisser le temps d’être, d’exister, apprendre à mieux se connaître, se comprendre ou s’accepter. Voir ce qui émerge quand on ne comble pas chaque instant par des occupations, des relations ou des obligations.
📗 Un livre pour s’inspirer : Walden ou la vie dans les bois, de Henry David Thoreau.
3. Travail et revenus ne sont pas nécessairement liés
Enfin, la troisième grosse prise de conscience qui a émergé au fil des années, c’est de constater que mon revenu n’était absolument pas lié à la quantité de travail fourni.
J’ai beaucoup travaillé pour des projets qui m’ont peu ou pas rapporté (mais qui me plaisaient beaucoup). Et j’ai eu des boulots alimentaires pour pouvoir financer ces projets qui m’animaient. Ces boulots me demandaient assez peu de temps et de charge mentale mais faisaient entrer un revenu et me permettaient de manger à ma faim.
C’est souvent l’histoire d’un compromis à trouver
Peut-être que tu fais déjà un travail qui te passionne et qui paye suffisamment et dans ce cas cet article n’est pas pour toi ;-). Mais si tu es comme beaucoup de personnes que j’ai rencontré, tu travailles surtout « parce qu’il le faut », pour payer les factures, en essayant d’y trouver ton compte bon gré mal gré.
Peut-être que tu te poses la question d’envisager un temps partiel, un mi-temps ou une retraite anticipée. Parfois cela passe aussi par un changement de direction professionnelle ou bien par le fait de prendre plus de temps entre deux boulots plutôt que d’enchaîner directement sur autre chose.
Sache que la considération financière n’est pas l’unique chose à prendre en compte. Les revenus d’un travail se chiffrent en valeur monétaire mais aussi en expériences et en bénéfices (ou impacts) sur ta qualité de vie, ta santé et ton bien-être.
Souvent on se laisse attraper par la promesse d’un bon salaire – d’un salaire fixe en tous cas – et par des avantages (statut social, perspective d’évolution ou autres). Mais est-ce vraiment ce à quoi tu aspires ?
Oser faire des choix professionnels différents
Parfois il vaut mieux envisager des boulots qui semblent moins attrayants financièrement mais qui t’apportent davantage de sérénité et d’adéquation par rapport à tes projets de vie. Par exemple, comparons deux opportunités d’emplois alimentaires :
- Le premier est payé le minimum syndical mais il est facile pour toi. C’est un milieu qui te convient et il te provoque peu de charge mentale. Dès que tu en ressors, tu n’y penses plus du tout et tu as encore plein d’énergie à consacrer à ce qui te tient vraiment à cœur.
- Le second paye deux fois mieux que le premier. Il est plus qualifié mais il suppose de côtoyer toute la journée des personnes que tu n’apprécie pas, qui t’influencent malgré toi vers un style de vie qui ne te correspond pas (et qui coûte de l’argent). De plus il te prend de l’énergie, de la charge mentale et tu rentres souvent irrité.e, les idées peu claires sur ce qui t’anime vraiment. Tu dépenses sans compter pour compenser ce désalignement.
Dans mon expérience, c’est le premier type de travail, peu importe le chiffre inscrit sur la fiche de paie, qui permet de mieux garder le focus sur tes projets personnels mais aussi financiers.
Cela ne veut pas dire qu’un boulot alimentaire ne peut pas être aussi plaisant et rémunérateur (c’est l’idéal!) mais par contre à choisir, l’impact sur ton bien-être est drastiquement plus important à prendre en compte que le salaire qu’on te promet.
En effet, cet impact se chiffre monétairement et non monétairement. Et tout compte fait, le salaire qu’on te propose ne vaut pas les désavantages générés – que ce soit les frais cachés sur ta santé ou le temps perdu à vivre à côté de qui tu es.
Travailler moins pour mieux profiter de la vie : le résumé
Les points clés à retenir de l’article :
- 💰 Un travail est toujours associé à des frais cachés : combien de temps dois-tu travailler seulement pour rembourser ces frais ?
- ✍️ Focalise-toi sur les expériences que tu veux (vraiment) vivre, pas sur un montant que tu veux gagner. On adapte naturellement notre style de vie à notre salaire, pour autant peut-être que ce qui t’attire réellement n’est pas nécessairement coûteux.
- 😎 Pense à toutes les choses que tu auras le temps de faire en travaillant moins. Parfois il faut s’autoriser une période d’essai pour goûter un nouveau mode de vie et voir si cela te convient.
- 💙 A choisir entre plusieurs projets / boulots, l’impact sur ton énergie et ton bien-être est bien plus important que la considération financière.
- ⏳ Le temps est plus précieux que l’argent, parce que quand il est perdu c’est pour de bon. Il ne se rattrape pas.
- 🧓 N’attends pas la retraite pour réaliser tes rêves !
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